Il y a quelques mois, j’ai entendu une nouvelle expression, le “ghosting”. En quoi cela consiste exactement ? C’est lorsque quelqu’un que vous fréquentez, que ce soit dans un cadre amical ou amoureux, cesse de vous parler ou ne répond plus à vos messages. J’aimerais ici aborder davantage ce comportement qui semble assez répandu.
Dans l’expression « Ghosting », il y a le mot « ghost » qui se trouve à être « fantôme » en français. Ainsi, « ghoster » quelqu’un revient à faire le mort. Pourquoi certaines personnes agissent elles ainsi ? Je peux y voir plusieurs motifs. En premier lieu, je dois préciser qu’il est IMPOSSIBLE de ne pas communiquer. Arrêter de communiquer avec quelqu’un constitue une forme de communication, aussi paradoxal que cela puisse paraître. En gros, le message est « Je ne souhaite plus te parler ».
Peur de la confrontation
Je crois que plusieurs individus sont mal à l’aise de confronter l’autre, leur dire ce qui ne va pas et pourquoi ils considèrent arrêter la relation. Parfois, on rejette aussi par peur d’être rejeté à son tour. On se protège. Chaque cas est différent mais mettre fin à une relation sans justification ne constitue certainement pas un comportement qui est recommandé. À mon avis, « ghoster » quelqu’un est un geste précipité. Pourquoi mettre fin à la relation quand nous n’avons pas essayé de régler ce qui est problématique avec la personne que nous fréquentons ? Il y a donc un évitement de l’intimité lorsque nous quittons ou abandonnons l’autre ainsi.
Un signe de « non-intérêt »
Un autre motif représente le manque d’intérêt que nous éprouvons envers l’autre. C’est souvent le cas si vous utilisez des applications de type « tinder » ou si vous fréquentez les sites de rencontre. Il s’avère extrêmement facile d’aborder quelqu’un en ligne mais aussi très facile d’arrêter la conversation. Parfois, il est clair que ça ne clique pas entre deux personnes et l’arrêt du contact représente évidemment une solution « gagnant-gagnant » mais il me semble impoli de ne pas répondre à votre interlocuteur si celui-ci vous pose une question ou demande à vous revoir. Une phrase comme « Désolé, je ne suis pas intéressé à poursuivre nos échanges » serait très correcte. Je trouve dommage que les gens se soucient parfois peu des autres et les laisse dans l’incertitude.
Une expérience non complétée
Quoi qu’il en soit, cette manière de mettre fin à une relation en a choqué plusieurs. En gestalt thérapie, il est stipulé que chaque expérience comporte différentes phases (pré-contact, engagement, contact, désengagement et assimilation). À mon avis, le « ghosting » représente une coupure à la phase de désengagement (je sais que j’analyse beaucoup !). Nous coupons le contact avec l’autre sans lui serrer la main, sans lui dire au revoir. Nous décidons de vivre cette fin de relation seul. Cela entraîne évidemment de la confusion qui rend la phase d’assimilation de l’expérience plus difficile. Une expérience bien assimilée nous permet de faire évoluer et grandir notre personnalité. Au contraire, l’individu victime d’un « ghosting » risque de se poser beaucoup de questions et sera ainsi dans « sa tête » pour un moment. Il y a quelque chose de non réglé, de non résolu…Dans certains cas, l’individu qui met fin au contact vit beaucoup de confusion également et ne saurait pas communiquer clairement son ressenti.
En conclusion
Je crois que peu de psychologues ou sexologues ont abordé la question jusqu’ici mais je trouvais pertinent de partager mon analyse. Le « ghosting » constitue un phénomène de société qui a pris de l’ampleur avec l’effervescence des médias sociaux et une dynamique de « consommation rapide » par rapport au relationnel. À titre de sexologue et psychothérapeute, je crois que le meilleur conseil que je puisse donner à mes clients est d’accepter l’expérience lorsque l’autre met fin abruptement à la relation. Il s’avère inutile de bombarder l’autre de messages ou de le convaincre de revenir vers nous (pour faire monter un ascenseur, il suffit de peser une seule fois sur l’interrupteur et non deux). Il est difficile de se faire rejeter mais il faut apprendre à aller de l’avant. Est-ce que quelqu’un qui nous « ghoste » mérite qu’on s’en fasse pour lui ? Pas vraiment….Plus votre estime de soi et confiance en soi seront fortes, moins vous serez affectés par cette tendance sociale qui pourrait même continuer de s’accentuer.